Article de Sud Ouest
ÉDUCATION. A Monflanquin, six professeurs des écoles refusent d'appliquer la réforme sur le soutien scolaire et le font savoir. Ils veulent expliquer leur démarche aux parents d'élèves
«Désobéir est parfois un devoir », le slogan orne depuis quelques jours l'entrée de l'école primaire de Monflanquin. Depuis que plusieurs enseignants ont décidé de ne plus appliquer une partie des réformes décidées par le ministre de l'Éducation nationale et qu'ils l'ont fait savoir par lettre à leur hiérarchie.
Partout en France, ils se sont proclamés les « Désobéisseurs pédagogiques » et seraient 2000 à suivre l'exemple d'Alain Refalo, professeur des écoles à Colomiers (31), le premier à lancer le mouvement et qui se voit aujourd'hui frappé de sanctions financières. En Lot-et-Garonne, seuls certains instits de Monflanquin ont décidé de suivre le mouvement pour l'instant.
« Un échec »
« On a démarré fin décembre, explique un des intéressés, qui préfère garder l'anonymat. On nous abreuve de réformes, mais on voit bien que l'objectif premier du ministère, c'est de supprimer des postes. Pendant ce temps, les effectifs augmentent, les programmes sont aussi lourds avec deux heures de classe en moins et on supprime les crédits pour les intervenants en anglais... On ne pouvait pas s'élever contre toutes les mesures même si la plupart sont contestables. Nous avons donc choisi de ne pas appliquer le soutien scolaire, parce qu'au bout d'un trimestre il s'est avéré un échec ».
Depuis la rentrée en effet, tous les enseignants du primaire doivent consacrer deux heures hebdomadaires aux élèves les plus en difficulté. « On s'est aperçu s que cela ne marchait pas, poursuit l'enseignant. Nous avions opté pour une demi-heure de soutien chaque jours, entre midi et deux. Cela fait des journées beaucoup trop longues pour les enfants. Et puis, on voit bien qu'il ne s'agit que d'un prétexte pour supprimer les enseignants des Réseaux d'aide spécialisée aux élèves en difficulté (Rased). »
Sanctions financières
Dans leur lettre à l'inspection d'académie, les enseignants de Monflanquin expliquent les motifs de leur refus. Réponse de la hiérarchie : en tant que fonctionnaires, vous êtes tenus d'appliquer les textes. La dernière lettre laisse entendre que des retenues sur salaires pourraient être appliquées si la désobéissance persistait. « On sait bien qu'on va dans le mur, mais le fait d'être fonctionnaires ne dispense pas de réfléchir », justifie encore l'enseignant.
Au départ, ils étaient neuf, sur Monflanquin, à rentrer en désobéissance. Mais l'éventualité de répercussions financières en a fait reculer trois. Aujourd'hui, ils sont six à toujours refuser d'assurer les heures de soutien scolaire, et à l'assumer. Six pour tout le département. « D'autres collègues n'appliquent pas vraiment la réforme, mais ils ne le font pas savoir à l'inspection d'académie », estime un des désobéisseurs.
Ce soir, à 20 heures à la salle des fêtes de Monflanquin, les enseignants de l'école vont encore expliquer leur démarche à des parents qui, selon l'un d'eux, « les soutiennent implicitement ».
« On n'est pas là pour défendre nos statuts ou nos vacances, mais le dernier grand service public qui subsiste encore en France. »
Un blog vient d'être créé en soutien aux « désobéisseurs » de Monflanquin :